
L'auteure de Condorcet : un intellectuel en politique, de L'Amour en plus : histoire de l'amour maternel, d'Emilie, Emilie : l'ambition féminine au XVIIIe siècle et d'XY, de l'identité masculine - pour ne citer que les ouvrages que j'ai lu - ainsi que du très discuté Fausse route : réflexions sur 30 années de féminisme, évoque à cette occasion la sympathie qu'elle porte «au matérialisme de Diderot et à sa morale si contemporaine».
...peut-être la philosophie est-elle morte sans que l'on s'en aperçoive !
Pour Elisabeth Badinter, depuis la chute du mur de Berlin, en l'absence d'une pensée philosophique forte, si tant est que la philosophie existe encore, nous assistons à un retour en force des religions au détriment de la raison.
Nous voulons ignorer que la soumission volontaire à l'irrationnel se transforme bien vite en une servitude insupportable.
Selon Elisabeth Badinter, «nous sommes en manque d'espérances» et, à défaut d'en avoir suffisamment conscience, nous courons droit à l'aliénation.
Les hommes des Lumières, et Diderot en particulier, se sont battus comme des lions pour éloigner l'homme et le citoyen de la tentation des chimères et le sortir des griffes des religieux. Mais la caste des croyants n'ayant jamais totalement renoncé à régir le monde et nos esprits, il suffirait de leur entrouvrir la porte pour qu'on ne puisse plus la refermer avant longtemps. Qui ne voit l'oppression des femmes musulmanes sous la charia ? Les pressions insidieuses qui menacent l'avortement ? L'autocensure permanente quand il s'agit des religions ? L'interdiction du blasphème sous peine de procès, ou pire, de fatwas ? Diderot a connu la prison de Vincennes pour s'être moqué des autorités, et toute sa vie il a craint d'y retourner. Mais cela ne l'a pas empêché de fourbir l'arme redoutable qu'est l'Encyclopédie contre les marchands d'illusions et de superstitions. Nous voilà contraints de reprendre ce combat que l'on croyait définitivement gagné. A défaut de posséder son génie intellectuel et sa verve inimitable, au moins ne le trahissons pas. Souvenons-nous des leçons de notre frère Diderot. Il y va de nos libertés.

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