Sécurité à l'armée : professionnels vs miliciens

30 juin 2008

Après la terrible tragédie de la Kander du 12 juin 2008 où 4 militaires ont trouvé la mort, un 5ème est toujours porté disparu et 5 autres n'ont été miraculeusement que blessés, d'aucuns en appellent « à passer à une armée de taille réduite et professionnelle » (Stéphane Rossini, vice-président du PSS, Le Matin Dimanche, 29 juin 2008, p. 6). C'est accorder un peu rapidement à l'armée professionnelle des vertus de professionnalisme a priori évidentes pour les opposer au soit-disant amateurisme qui caractériserait le système de milice de l'Armée suisse. Cela revient aussi à prononcer la faillite de tout un système sur la base d'un amalgame avec le cas isolé d'une sorte d'Ulrich von Bek, en l'occurrence d'un apprenti chien de guerre des temps modernes.

Selon Stéphane Rossini, « seul le professionnalisme peut être gage de compétence pour les soldats et, surtout pour tous les échelons de commandement. L'amateurisme de milice est d'un autre âge, qu'on le veuille ou non. » Voilà pour le lieu commun qui, comme nous l'a enseigné le philosophe Immanuel Kant, « il se peut que cela soit juste en théorie, mais, en pratique, cela ne vaut rien. »

Théorie et pratique
La pratique, ou la réalité d'une sécurité plus élevée au sein d'une armée professionnelle que d'une armée de milice ? C'est en France, à Carcassonne, auprès du Groupe de commandos parachutistes (GCP), l'élite du 3ème Régiment parachutiste d'infanterie de marine (3ème RPIMa) qu'il faut malheureusement aller l'appréhender.
Dimanche 29 juin 2008, 17h50, démonstration d'assaut lors de la Journée portes ouvertes du 3ème RPIMa, un sergent du GCP tire à balles réelles au lieu de balles à blanc comme l'ont fait les onze autres membres de l'équipe du GCP. Seize personnes (voire dix-sept selon les sources) dont quatre enfants blessés. Selon le préfet de l'Aude, Bernard Lemaire, dimanche soir au micro de France 3 : « Le pronostic vital est engagé pour deux des blessés, dont un enfant (âgé de trois ans), et deux autres personnes sont blessées très graves. » Suite à cette tragédie, Nicolas Sarkozy a déclaré attendre « au plus tôt » le résultat des enquêtes « déjà diligentées » sur l'accident, « pour en tirer les conséquences qui seront exemplaires ».
Pour l'heure, les experts ou commentateurs du domaine militaire français ne s'expliquent pas les raisons de ce drame :
  • comment est-ce possible de confondre des balles à blanc avec des balles réelles ?
  • comment de telles munitions ont-elles pu se retrouver mélangées ?
  • pourquoi avoir tiré en direction du public alors que c’est une chose qui ne doit jamais se faire, une arme, même chargée à blanc, n’étant pas un jouet ?
Accident stupide ? Méprise incompréhensible ? Dysfonctionnement d'un militaire pourtant aguerri ?

Le fait est que ce drame intervient au sein d'une unité d'élite de l'Armée française, une armée professionnelle, la France ayant mis fin il y a 10 ans à la conscription obligatoire, en l'occurrence à l'armée de masse.

Le mot et la chose
Aussi, utiliser le drame de la Kander pour réclamer le passage à une troupe professionnelle tient plus de la récupération à des fins idéologiques qu'à une réelle intention de lancer un débat pour que ce genre de tragédie - et c'est un euphémisme - puisse être évité à l'avenir. Cela révèle surtout une méconnaissance totale, tant de la chose que du sens du mot. L'amalgame entre armée professionnelle (la chose) et professionnalisme (le mot) est tout aussi infondé que celui entre armée de milice (la chose) et amateurisme (le mot). Rien n’est plus délétère pour la vie en société que la perversion du langage. Mal nommer les choses n’ajoute pas seulement au malheur du Monde, pour paraphraser Albert Camus, mal nommer les choses ajoute aussi au malheur des Hommes, ici aux familles et aux proches des militaires entraînés par bravade dans les flots tumultueux de la Kander. Mal nommer les choses empêche d'appréhender la réalité ; cela condamne à s’agiter dans l’artifice pour mieux consentir à l'amalgame.

Hyperliens concernant le drame au 3ème RPIMa de Carcassonne
« Secret défense », le blog de Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération
« Zone militaire »


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« L'Alchimiste » de Paulo Coelho : 20 ans !

2 juin 2008

Qui n'a pas lu ou, à tout le moins, entendu parler de L'Alchimiste et de son auteur Paulo Coelho. Les 20 ans de la parution de L'Alchimiste, ce conte initiatique que l'on compare souvent au Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry ou au Prophète de Khalil Gibran - et pour ma part au Jonathan Livingston le Goéland de Richard Bach - étaient célébrés ces 29 et 30 mai 2008 au Centre culturel international Oscar Niemeyer de la petite ville d'Avilés, Principauté des Asturies, Espagne, en présence de Paulo Coelho. Dans le même temps, information révélée lors du dernier festival de Cannes, L'Alchimiste sera bientôt adapté au cinéma.

L'Alchimiste ? Un jeune berger andalou - Santiago - voyage vers l'Orient, l'Egypte et ses pyramides, dans les Sables du Sahara aux côtés de son mentor - le Vénérable Alchimiste. Il va, selon Paulo Coelho, progressivement s'éveiller au sens de la vie. Au terme de son parcours, il finira par découvrir sa « légende personnelle ». Simple.

Trop simple affirment certains critiques ; quelque peu naïf relèvent d'autres. La critique s'accroche surtout autour de la volonté de vouloir catégoriser à tout prix ce livre par des adjectifs en « ique » : initiatique, philosophique, poétique, métaphysique, symbolique, mystique et j'en passe. Le fait est que, comme le Petit Prince, Le Prophète ou Jonathan Livingston le Goéland, L'Alchimiste ne se classe pas dans une bibliothèque. Il occupe une place à part. La sienne.
Même si beaucoup trouvent la seconde partie du livre moins lumineuse ou féérique que la première, une multitude de lecteurs·trices de par le monde (56 traductions) voit dans L'Alchimiste une « ode à la vie ». Simplement.
Certes, tout ce qui est simple est faux, mais tout ce qui ne l’est pas est inutilisable*.
Dans un monde complexe, dans une vie trépidante, lire ou relire L'Alchimiste c'est s'accorder une pause privilégiée durant laquelle nous parle le langage du cœur, l'espace de quelques pages. Un moment utile pour soi.
Les décisions représentent seulement le commencement de quelque chose.
L'Alchimiste


* La formule n'est pas de moi. Je l'emprunte à Monsieur Bernard Wicht, Privat-docent de l'Institut d'études politiques et internationales (IEPI) de l'Université de Lausanne (Unil), qui aime ouvrir ainsi ses cours de pensée stratégique.

Pour en lire, en entendre et en voir plus sur le 20e anniversaire de L'Alchimiste :
Paulo Coelho's Blog [eng]
- gallerie de photos Flickr [eng]
- blogtalkradio.com/paulo-coelho [esp]

Pour en savoir plus sur l'adaptation au cinéma de L'Alchimiste :
ActuaLitté.com :
« Fishburn réalisera l'Alchimiste, Paulo Coelho est ravi. »

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