
L'initiative d'Ali Babacan intervient deux ans après celle lancée par le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui, sur pression des Européens il est vrai, appelait à « une normalisation des relations bilatérales en créant une commission mixte d'historiens pour faire la lumière sur ce qu'Ankara qualifie de massacres et non de génocide ».
Nous soutenons l’idée d’un nouveau processus de normalisation des relations avec l’Arménie et avons envoyé au nouveau gouvernement de ce pays un message expliquant que les portes du dialogue sont ouvertes.
Aujourd'hui, on ignore encore si les deux conditions posées par la Turquie il y a deux ans (arrêt des interpellations des Parlements nationaux à propos du génocide et évacuation des territoires azéris du Haut-Karabakh) s'appliquent toujours. On imagine qu'il y a probablement intention de la part d'Ankara de dissuader en ce 24 avril certains gouvernements occidentaux de se lancer dans des déclarations de sympathie trop appuyées à l'égard des Arméniens. Les pressions européennes pour parvenir à une normalisation des relations s'appliquent par ailleurs tant sur Ankara que sur Erevan. Ces pressions s'accompagnent maintenant, conjointement aux Etats-Unis, de critiques à l'encontre de la nouvelle majorité présidentielle arménienne pour violation des droits de l'homme depuis les élections du 19 février 2008. Et l'état de la situation ne serait pas complet si l'on ne relevait pas les déclarations faites ces derniers temps par les deux prétendants à l'investiture démocrate aux Etats-Unis, Hillary Clinton et Barack Obama, en vue d'une reconnaissance par leur pays du génocide des Arméniens.
Dès lors, les commentateurs s'accordent à penser que le moment choisi par la Turquie pour lancer son initiative s'avère décisif pour l'Arménie.
Dès lors, les commentateurs s'accordent à penser que le moment choisi par la Turquie pour lancer son initiative s'avère décisif pour l'Arménie.
Toutefois, sur fond de nouveau « Grand Jeu » dans le Caucase - dont l'enjeu sont les pétroles de la Caspienne et leur acheminement en direction de l'Ouest, on ne connaît pas encore la position de Moscou sur la question des conditions du retour au dialogue entre Ankara et Erevan. Même si le président turc, Abdullah Gül, s'est empressé au lendemain de la présidentielle du 19 février 2008 de saluer l'élection du premier ministre sortant, Serge Sarkissian, qui avait les faveurs de la cote auprès de Vladimir Poutine, il n'est pas certain que Moscou laisse à Ankara toute latitude à diriger la manœvre et ne s'implique pas dans les tenants et aboutissants d'une normalisation des relations bilatérales entre l'Arménie et la Turquie. C'est plutôt cela qui risque de s'avérer décisif pour les deux parties en présence.

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