Afghanistan... En être : le 8e RPIMa sous le feu

22 août 2008

Dénichée sur l'excellent blog Zone Militaire, une vidéo montrant une section du 8e RPIMa de l'Armée française accrochée par des talibans.
Ces images diffusées lors du 20h de TF1 du 19 août 2008 sont extraites d'un reportage réalisé deux semaines plutôt dans la région où 10 hommes de ce même 8e Régiment Parachutiste d'Infanterie de Marine sont tombés au champ d'honneur le 18 août 2008. Le reportage complet est programmé pour le mois de septembre.

Au-delà de ces images qui rapellent furieusement celles diffusées à l'époque en noir et blanc sur la guerre du Vietnam, le napalm en moins, on a le devoir de s'interroger sur finalité du sacrifice consenti par ces hommes et ces femmes qui tombent, loin de leur patrie, pour la « défense du monde libre », histoire de sacrifier à la formule qui refait son apparition depuis quelques jours dans la bouche des experts en questions militaires ou en relations internationales.

On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s'asseoir dessus !
Ce principe énoncé il a presque 200 ans par le Prince de Schwarzenberg s'applique toujours, même avec des réseaux centriques de commandement, des bombes dites « intelligentes » ou des lunettes de vision nocturne pour le fantassin. On sait pertinemment qu'aucune guerre d'occupation n'a été durablement gagnée, quelle que soit l'ampleur des moyens engagés. Ici, on nous retorquera, en « typologisant » à l'extrême - si ce n'est à l'excès - les formes d'opérations militaires, que les interventions en Afghanistan et en Irak ne sont pas des guerres d'occupation. Nous répondrons qu'utiliser le terme de « contre-insurrection » (COIN pour les spécialistes) pour qualifier les opérations menées sur le terrain revient à valider la notion d'occupation. Le reste - demeurer sur place pour « afghaniser » ou « irakiser » les forces armées du pays concerné - n'est qu'arguties visant à entretenir, de façon consciente ou non, la forme d'obscurantisme dans lequel nous plonge la croyance véhiculée par le discours dominant sur la nécessité « d'en être » - i.e. avec les Américains ou en sous-traitance des Américains, en Afghanistan ou en Irak - sous peine de ne compter pour rien dans les affaires du monde.

« En être » et y mourir pour ne plus être en mesure de s'en extraire
Après les réactions qu'a suscité la mort des 10 militaires français en Afghanistan, force est de constater que le discours dominant réduit le champ des possibles à cette seule alternative. Et c'est juste, …d'un point de vue stratégique, mais pas moral.

Du point de vue stratégique, c'est une évidence. Se retirer au premier coup encaissé, c'est donner la victoire à l'adversaire, en l'occurrence aux talibans qui comptent sur les opinions publiques occidentales pour forcer leurs gouvernements respectifs à, au mieux retirer les troupes engagées sur le terrain, au minimum redéfinir les opérations de manière à éviter de nouveaux morts tant que faire se peut. Simple.
L'équation stratégique ne comporte aucune inconnue, même pas celle du non-succès global assuré - vu qu'au final on ne parlera pas de défaite. Seule une incertitude sous-tend toute la démarche d'« en être » : le moment où les forces menant les opérations de contre-insurrection se retireront du théâtre des opérations, parce que le maintien de troupes sur place impliquera un tel coût financier qu'on ne pourra plus se le permettre.

Du point de moral, l'application de ce principe s'apparente aux pires travers que le genre humain est en mesure de développer. En l'appliquant au nom de la « solidarité internationale » et, depuis quelques jours, au nom de la « défense du monde libre », on joue sur l'attrait que ces deux notions peuvent exercer sur les militaires et les opinions publiques dès lors que la définition de l'un et l'autre de ces concepts est laissé à la liberté de chacun. Parce qu'en fin de compte, qu'y a-t-il de plus noble que de mourir au nom de la « solidarité internationale » ou pour « défendre le monde libre » ? Efficace.
Lors des funérailles nationales, on fera voir et on fera croire. Aux familles de ces braves « morts pour le pays », pour la « solidarité internationale » et pour la « défense du monde libre », on glorifiera le haut sens du devoir qui caractérisait, qui son époux, son père, son fils ou son frère. Ce sera le moins que l'on puisse faire, et surtout le plus que l'on sait faire. A l'opinion publique, on citera l'exemple du peuple britannique qui a su encaisser les coups durant le Blitz et qui aujourd'hui encore, malgré un nombre élevé de militaires morts en Afghanistan, garde confiance et croit en la victoire finale. Ce sera comparer ce qui est incomparable.

On se gardera bien d'expliquer que les 10 militaires du 8e RPIMa sont morts pour permettre au politique de franchir le point de non retour dans l'application du principe d'« en être ». Il est plus civilisé d'affirmer que ces morts n'ont pas été inutiles, qu'on entend tirer les enseignements qui s'imposent pour les opérations dans le terrain et qu'on est fermement décidé à renforcer ou moderniser l'équipement des hommes appelés à aller combattre les talibans en Afghanistan. Quand bien même on sait pertinemment que l'on ne dispose pas des budgets nécessaires pour le faire. Quand bien même on sait d'expérience que ce genre de guerre ne se gagne pas.


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