Afghanistan... Réflexions de François Sureau

23 août 2008

A la suite de mon précédent billet et de la visite d'un autre excellent blog traitant des questions militaires, Secret défense, tenu par Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération, je vous suggère la lecture d'un article de l'écrivain François Sureau, paru dans Le Figaro du 21 août 2008.

Avocat, énarque et maître des requêtes au Conseil d'Etat (France), François Sureau est notamment l'auteur de La Corruption du siècle, de L'Infortune et de L'obéissance.

Comme le précise Jean-Dominique Merchet : dans son article intitulé Voici donc la guerre..., François Sureau « dit l'important, mieux que je ne saurais le faire ».

Le soldat peut mourir, mais pas en victime de la figuration internationale. Il n'est pas quant à lui un acteur qui pourrait quitter la scène en excipant de doutes soudains sur la qualité de la pièce. Qu'il soit, comme on dit dans le vocabulaire moderne, un «professionnel» n'y change rien. Sans doute s'est-il voué de lui-même à ce métier au bout duquel il peut trouver la mort. Mais il n'a pas signé pour mourir autrement qu'au service de son pays dans une guerre susceptible d'être gagnée, cette victoire dût-elle être davantage politique que militaire.


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Afghanistan... En être : le 8e RPIMa sous le feu

22 août 2008

Dénichée sur l'excellent blog Zone Militaire, une vidéo montrant une section du 8e RPIMa de l'Armée française accrochée par des talibans.
Ces images diffusées lors du 20h de TF1 du 19 août 2008 sont extraites d'un reportage réalisé deux semaines plutôt dans la région où 10 hommes de ce même 8e Régiment Parachutiste d'Infanterie de Marine sont tombés au champ d'honneur le 18 août 2008. Le reportage complet est programmé pour le mois de septembre.

Au-delà de ces images qui rapellent furieusement celles diffusées à l'époque en noir et blanc sur la guerre du Vietnam, le napalm en moins, on a le devoir de s'interroger sur finalité du sacrifice consenti par ces hommes et ces femmes qui tombent, loin de leur patrie, pour la « défense du monde libre », histoire de sacrifier à la formule qui refait son apparition depuis quelques jours dans la bouche des experts en questions militaires ou en relations internationales.

On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s'asseoir dessus !
Ce principe énoncé il a presque 200 ans par le Prince de Schwarzenberg s'applique toujours, même avec des réseaux centriques de commandement, des bombes dites « intelligentes » ou des lunettes de vision nocturne pour le fantassin. On sait pertinemment qu'aucune guerre d'occupation n'a été durablement gagnée, quelle que soit l'ampleur des moyens engagés. Ici, on nous retorquera, en « typologisant » à l'extrême - si ce n'est à l'excès - les formes d'opérations militaires, que les interventions en Afghanistan et en Irak ne sont pas des guerres d'occupation. Nous répondrons qu'utiliser le terme de « contre-insurrection » (COIN pour les spécialistes) pour qualifier les opérations menées sur le terrain revient à valider la notion d'occupation. Le reste - demeurer sur place pour « afghaniser » ou « irakiser » les forces armées du pays concerné - n'est qu'arguties visant à entretenir, de façon consciente ou non, la forme d'obscurantisme dans lequel nous plonge la croyance véhiculée par le discours dominant sur la nécessité « d'en être » - i.e. avec les Américains ou en sous-traitance des Américains, en Afghanistan ou en Irak - sous peine de ne compter pour rien dans les affaires du monde.

« En être » et y mourir pour ne plus être en mesure de s'en extraire
Après les réactions qu'a suscité la mort des 10 militaires français en Afghanistan, force est de constater que le discours dominant réduit le champ des possibles à cette seule alternative. Et c'est juste, …d'un point de vue stratégique, mais pas moral.

Du point de vue stratégique, c'est une évidence. Se retirer au premier coup encaissé, c'est donner la victoire à l'adversaire, en l'occurrence aux talibans qui comptent sur les opinions publiques occidentales pour forcer leurs gouvernements respectifs à, au mieux retirer les troupes engagées sur le terrain, au minimum redéfinir les opérations de manière à éviter de nouveaux morts tant que faire se peut. Simple.
L'équation stratégique ne comporte aucune inconnue, même pas celle du non-succès global assuré - vu qu'au final on ne parlera pas de défaite. Seule une incertitude sous-tend toute la démarche d'« en être » : le moment où les forces menant les opérations de contre-insurrection se retireront du théâtre des opérations, parce que le maintien de troupes sur place impliquera un tel coût financier qu'on ne pourra plus se le permettre.

Du point de moral, l'application de ce principe s'apparente aux pires travers que le genre humain est en mesure de développer. En l'appliquant au nom de la « solidarité internationale » et, depuis quelques jours, au nom de la « défense du monde libre », on joue sur l'attrait que ces deux notions peuvent exercer sur les militaires et les opinions publiques dès lors que la définition de l'un et l'autre de ces concepts est laissé à la liberté de chacun. Parce qu'en fin de compte, qu'y a-t-il de plus noble que de mourir au nom de la « solidarité internationale » ou pour « défendre le monde libre » ? Efficace.
Lors des funérailles nationales, on fera voir et on fera croire. Aux familles de ces braves « morts pour le pays », pour la « solidarité internationale » et pour la « défense du monde libre », on glorifiera le haut sens du devoir qui caractérisait, qui son époux, son père, son fils ou son frère. Ce sera le moins que l'on puisse faire, et surtout le plus que l'on sait faire. A l'opinion publique, on citera l'exemple du peuple britannique qui a su encaisser les coups durant le Blitz et qui aujourd'hui encore, malgré un nombre élevé de militaires morts en Afghanistan, garde confiance et croit en la victoire finale. Ce sera comparer ce qui est incomparable.

On se gardera bien d'expliquer que les 10 militaires du 8e RPIMa sont morts pour permettre au politique de franchir le point de non retour dans l'application du principe d'« en être ». Il est plus civilisé d'affirmer que ces morts n'ont pas été inutiles, qu'on entend tirer les enseignements qui s'imposent pour les opérations dans le terrain et qu'on est fermement décidé à renforcer ou moderniser l'équipement des hommes appelés à aller combattre les talibans en Afghanistan. Quand bien même on sait pertinemment que l'on ne dispose pas des budgets nécessaires pour le faire. Quand bien même on sait d'expérience que ce genre de guerre ne se gagne pas.


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NAC 2010... JAS-39 Gripen : Bye bye Emmen !

21 août 2008

Les essais au sol et en vol des deux Saab JAS-39 Gripen qui ont commencé le 28 juillet 2008 se sont terminés mardi 19 août. Après quelque 35 heures de vol réalisées sous la houlette de pilotes et du personnel au sol d'armasuisse et des Forces aériennes, les deux appareils évalués ont décollé une dernière fois de l'aérodrome militaire d'Emmen pour mettre le cap sur la Suède.

Les autres candidats au remplacement partiel du Northrop F-5E Tiger II
- du 13 octobre au 7 novembre 2008 : évaluation du Dassault Rafale ;
- du 10 novembre au 5 décembre 2008 : évaluation de l'Eurofighter Typhoon.

Une fois les essais au sol et en vol des appareils et l'évaluation en parallèle des offres remises par les trois constructeurs achevés, armasuisse analysera les données collectées et invitera les fabricants à soumettre une deuxième offre.
Le choix de l'appareil appelé à remplacer nos vénérables Tiger sera arrêté en juillet 2009.
A tout le moins en ce qui concerne le vœu de l'armée, car rappelons-le : la décision d'acquérir ou non un nouvel avion de combat pour remplacer partiellement la flotte des 54 Tiger revient au Parlement, en l'ocurrence au peuple si la récolte des 100'000 signatures lancée le 1er août 2008 par le GSsA pour déposer son initiative populaire intitulée « Contre de nouveaux avions de combat » abouti.

Des images qui bougent du JAS-39 Gripen
Voilà un moment que le défilement de ce blog n'avait été animé d'une séquence vidéo à laquelle il ne manque que les relents de kérosène brûlé pour que l'expérience soit complète.
Voici donc une vidéo - d'une durée de 4:28 min. - du Saab JAS-39 Gripen réalisée sur l'aérodrome militaire d'Emmen. Elle a été déposée il y a 3 jours sur YouTube et vous la trouvez aussi dans la partie de droite du présent blog, sous l'onglet « NAC 2010 : vidéos ».


Pour en savoir plus :

Communiqué d'armasuisse : Essais en vol et au sol du Gripen terminés


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Brève... Droit international des conflits armés

20 août 2008

Réunis à Spiez du 15 au 22 août 2008, 47 experts en provenance de plus de 24 pays participent à l'International Course on Law of Armed Conflict (LOAC) pour échanger leurs points de vue concernant le droit international des conflits armés.

Coorganisé dans le cadre du Partenariat pour la paix par l'International Committee of Military Medecine (ICMM) et le Service médico-militaire de l'Armée suisse, ce cours entend montrer aux participants les relations existant entre la fonction technique du service sanitaire et le droit international humanitaire ainsi que les responsabilités respectives et les interdépendances dans ce domaine.

Le communiqué du DDPS ne précise pas si un représentant des forces spéciales colombiennes y tient un exposé intitulé « Libération d'otages : de l'emploi de l'emblème de la Croix-Rouge ».

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Mobilité... T'es plutôt tank urbain ou car sharing ?

19 août 2008

Pour ma part, sans pour autant être un anti voiture primaire, c'est plutôt car sharing, depuis bientôt 3 ans. Question de souplesse dans le choix du moyen de transport le mieux adapté au déplacement envisagé.

Bon, j'avoue tout de même que pour emballer les filles ou exhiber sa blonde en tournant, vitres abaissées et musique à donf, à travers Lausanne ou Ouchy, un soir d'été, le modèle M-Budget - rouge à gauche et vert à droite, ça le fait pas, c'est sûr.

Ce détail mis à part, le système d'auto-partage proposé par la coopérative lucernoise Mobility CarSharing fonctionne bien, même très bien. Ayant publié lundi 18 août 2008 son bilan pour le 1er semestre de l'année, Mobility - qui poursuit sa croissance et enregistre une augmentation de 5% d'adeptes de l'auto-partage - a renoué avec les chiffres noirs après la perte intervenue durant le 1er semestre de 2007.
Aujourd'hui, les 80'900 clients de Mobility peuvent réserver l'un des 2'000 véhicules, répartis sur 1'050 emplacements en Suisse, via une plate-forme Internet ou un système automatique de réservation par téléphone. Simplissime. Pour peu que l'emplacement Mobility considéré propose plus qu'un seul véhicule, les problèmes de disponibilité sont assez rares, même en cas de réservation de dernière minute.

Quatre-vingt mille neuf cents clients ; une progression de 5% en six mois. Yes ! Nous sommes de plus en plus de marginaux à vouloir conduire de façon intelligente et utiliser des voitures qui nous font avancer dans le sens du développement durable. Il parait même que nous roulons dans la meilleure voiture du monde.


Pour en savoir plus sur Mobility CarSharing :
Site Internet
Communiqué de presse du 18 août 2008

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Beijing 2008 : l'image brute de Liu Xiang

18 août 2008

Aux Jeux du traficotage des images, il en est de celles qu'on ne peut retoucher. Au jeu de la maîtrise de l'image, il y en a toujours une qui vous brûlera les doigts.

Avec celle du hurdler chinois Liu Xiang blessé aux adducteurs et au tendon d'achille qui rend les armes sans même combattre, le régime chinois va probablement l'apprendre à ses dépens.

En ce lundi 18.8.08 à 11h50 (heure locale de Beijing), malgré lui et en dépit de la mise en scène officielle dont il semble avoir été l'objet, Liu Xiang a donné, à des millions de chinois qui l'élevaient au rang d'icône olympique, l'image d'un chinois, seul, qui prend une décision pour lui-même, à la face de la Chine, à la face du monde, en déclarant forfait au départ de sa série qualificative sur 110 m haies. Médusé par le coup de théâtre auquel il vient d'assister, le public du « Nid d'oiseau » se révèle incapable de faire ce que tout public ferait en pareille circonstance : réconforter son champion blessé en l'ovationnant par des applaudissements ou une acclamation debout.

Les commentateurs sportifs parlent de drame ou de traumatisme national et décrivent la stupeur qui s'est emparée des tribunes. Vision conforme à la presse sportive. La nature du traumatisme n'est pas forcément celle de la chute d'un champion ou de la perte d'une médaille. L'essentiel ses situe ailleurs, dans l'impensable.

L'impensable pour un chinois : que Liu Xiang, sensé s'entraîner dans le plus grand secret depuis le 24 mai 2008, date de sa dernière course, puisse être blessé au point de ne pas pouvoir courir au moment des Jeux.
L'impensable pour les responsables sportifs chinois : que Liu Xiang, même incapable de s'aligner au départ d'un 110 m haies, n'apparaisse pas aux yeux de son public. Que le premier athlète masculin du pays à avoir remporté une médaille d'or olympique en 2004 aux Jeux d'Athènes ne puisse courir. Que Liu Xiang ne puisse servir à la conquête du rang de première puissance sportive mondiale, quitte à ce qu'il casse en plein effort, en héros national fauché par la blessure sur le champ d'honneur.
L'impensable que l'inimaginable puisse se produire alors que tout le reste a été pensé dans les moindres détails, jusqu'à l'harmonie des traits du plus obscur des figurants de la cérémonie d'ouverture. L'inconcevable : que Liu Xiang ne puisse offrir au monde et aux chinois une autre image que celle d'un athlète perclus de douleur qui s'en retourne, la mort dans l'âme et sans prendre l'avis de personne dans les entrailles du « Nid d'oiseau », sans même un regard pour ce public qui l'adule tant.
Tout a probablement été pensé et mis en scène. Sauf le moment de vérité, lorsque la parole est à la vitesse, à la souplesse et à la force pures en représentation et non plus aux stratagèmes et aux discours officiels. Et l'on se retrouve pris à son propre jeu de maîtrise de l'image, a cause d'un Liu Xiang qui ne peut survivre à un faux départ. L'image traumatise, génère des émotions, pose des questions.

Tant les larmes de Sun Haiping, l'entraîneur de Liu Xiang, inconsolable lors d'une conférence de presse d'anthologie, que l'explication officielle servie par Feng Shuyong, l’entraîneur en chef de l’équipe chinoise, ne pourront effacer l'image produite in situ ou par écrans interposés sur des millions de chinois : celle d'un compatriote, seul, en charge de décrocher l'or olympique et refusant de s'y résoudre dans l'intérêt de son intégrité physique.
Cette image, le discours officiel pourra l'interdire, certes, mais pas l'effacer de l'esprit des chinois qui l'ont vue. Pis que cela pour le régime en place, dès aujourd'hui et jusqu'à la fin des Jeux, toutes les images d'échecs, de réussites et de performances individuelles dont sont abreuvés les chinois pour maintenir leur engouement pour les Jeux réveilleront immanquablement les émotions liées à celle de Liu Xiang. Certes, on peut contrôler l'image, mais l'on ne peut maîtriser les émotions que celles-ci génèrent aux tréfonds des individus.

Au final, plus que les 8 médailles d'or du phénomène Michael Phelps en natation, c'est l'image du forfait de Liu Xiang qu'il faudra retenir de ces Jeux olympiques de Beijing. En confiant les Jeux à la Chine, le Comité olympique entendait accélérer l'ouverture de celle-ci sur le monde. Pour naïve que la décision pouvait a priori apparaître il y a deux mois encore, il semble qu'aujourd'hui Liu Xiang a inconsciemment donné un sérieux coup de main au CIO dans son pari : en jetant l'éponge sur ses rêves de médaille pour la Chine, Liu Xiang a, malgré lui, montré à ses compatriotes que l'individu avait une valeur.

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Fabian « Spartacus » Cancellara en or !

13 août 2008

Il l'avait annoncé, il l'a fait : « Spartacus » a gagné l'or du contre-la-montre de Beijing 2008 !

Le gladiateur qui s'effondre à l'arrivée, le drapeau suisse et l'hymne national qui s'élèvent au pied de la Grande Muraille de Chine. Bravo champion ! Merci pour ces images !

Il ne reste plus qu'à espérer maintenant qu'il ne vienne pas à l'idée d'un « bon docteur » de la délégation suisse de jeter une ombre sur ta médaille d'or dans quatre, huit ou douze ans. Pascal Richard en sait quelque chose : lorsque l'on décroche l'or aux JO, la croix suisse sur le maillot sert surtout de cible pour se faire flinguer dans le dos par un compatriote embusqué derrière le secret médical.

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